A l’orée de l’élection présidentielle, les parlementaires se sont enfin résolus à sortir de leur torpeur. Les Sénateurs discutaient hier une proposition de loi visant à « renforcer l’efficacité de la justice pénale », en luttant contre la récidive et réduisant les possibilités d’aménagement des peines tout en en renforçant l’automaticité. Déjà, les haros des syndicats conditionnés aux ressorts permissifs des législations du quinquennat se font entendre. L’Union syndicale des Magistrats va jusqu’à souligner les écueils « démagogiques » d’un texte aux prétentions « incarcératrices ».
Des années de laxisme ne leur auront pas suffi. Les remarques des présidents d’audience, déclarant aux voleurs récidivistes « Ne vous inquiétez pas, sa peine sera aménagée », ne viennent ébranler leurs perspectives obtuses. Les revendications des procureurs, expliquant qu’il leur faut désormais requérir deux ans de peine pour que les délinquants effectuent six mois de prison, ne font chanceler leurs certitudes.
Non. Désormais, seules 30% des peines de prisons prononcées s’accompagnent d’une privation de liberté. Ça et là, on souligne les manques d’effectifs parmi les greffes, des parquets saturés. Et pourtant : la véritable lacune ne réside pas là. C’est encore aux complexités d’une administration requérant deux convocations chez les JAP, plaidant à la perpétuelle évaluation des situations individuelles, qu’on doit cette absence de toute intervention autoritaire dans la prononciation des sanctions. Confortés dans leur crime, les délinquants se voient au mieux sanctionnés d’un bracelet électronique, au pire d’une semi-liberté ou d’une obligation de se voir prodiguer des soins médicaux.
Un tel laxisme dans l’exercice punitif ne date pas de ce quinquennat : déjà, le gouvernement précédent sanctionnait bien mollement la délinquance. De l’aménagement des peines d’emprisonnement inférieures à deux ans (Rachida Dati, 2009) à l’instauration du crédit de réduction automatique de peine (Nicolas Sarkozy, 2004), le laxisme d’Etat a été installé par une droite qui en appelle aujourd’hui au retour de l’autorité.
Alors qu’au mois d’octobre, ma proposition de loi visant à rétablir la peine de perpétuité réelle a été accueillie dans le silence confondant de la majorité comme de l’opposition, on ne peut que saluer cette disposition des Sénateurs Les Républicains. Cette mesure, que prend une droite dont la seule velléité s’avère une nouvelle fois dictée par son empressement de s’ériger à la tête du gouvernement de demain…