Injure publique ou pas ? Lieu syndical « protégé » ? Images « volées » et « intrusion » ? Voilà quelques-unes des questions que la presse se pose au sujet du « mur des cons ». Or, l’essentiel n’est pas là. Il n’est pas non plus dans la composition politique de cette liste de personnalités ainsi épinglée sur un mur. Le syndicat de la magistrature est à gauche, très à gauche ? La belle affaire ! Qui pouvait l’ignorer parmi ceux qui s’intéressent au monde de la justice ? Certes, voici désormais le grand public au courant, conséquence ô combien positive, mais simple conséquence.
Non, selon moi, l’essentiel est dans ce que ce procédé nous révèle sur les membres de ce syndicat : une profonde et inquiétante immaturité. Car, enfin, de qui parle-t-on ? De juges, d’hommes et de femmes qui, chaque jour, au nom de la société, prennent place dans un tribunal pour juger d’autres hommes et femmes. Il faut pour exercer cette charge bien autre chose que la connaissance technique du droit. Être juge exige – ou devrait exiger – une personnalité empreinte de ce que les Romains appelaient gravitas, de la dignité, le sens de sa charge, une solennité. Bref, le pôle opposé de ce que le syndicat de la magistrature nous dévoile malgré lui. Une institution ne valant que par la qualité des hommes qui la servent, comment alors ne pas parler de décadence de la justice française ?
A cette immaturité, il faut ajouter la haine. Une haine gratuite et d’autant plus violente qu’inassouvie. Car les « cons » de ces juges ne sont ni les voleurs, ni les violeurs, ni les tueurs. Si tel était le cas, cela n’enlèverait rien à l’immaturité du procédé. Mais, non, l’objet de la haine de ces juges, ce sont des personnes qui n’ont jamais été condamnées et même, dans certains cas, des parents de victimes. Là encore, comment ne pas voir que cette haine est une haine irrationnelle et donc pathologique, car basée sur une fausse réalité, c’est-à-dire sur une vision idéologique du monde ? Une haine qui interdit toute sérénité à celui qu’elle habite et, partant, le prive de ses facultés d’objectivité.
A ce que nous apprend cette affaire sur la justice, il faut depuis ,24 heures, ajouter ce qu’elle nous confirme sur la presse. Le journaliste, Clément Weill-Reynal, qui a filmé ce « mur des cons » se retrouve la cible de certains syndicats et de sa direction. Que lui reproche-t-on ? D’avoir filmé ce qu’il voyait. C’est-à-dire d’avoir fait son métier. Qu’attendait-on de lui ? Qu’il ne filme pas ou qu’il détruise les images. C’est-à-dire qu’il ne fasse pas son travail.
Je considère, au contraire des syndicats de la magistrature médiatique, que ce journaliste est un exemple pour sa profession et je lui apporte tout mon soutien, car honneur à celui par qui la vérité arrive !