La Ligue du Sud, en la personne de Guillaume Bompard, était assise à la table d’honneur du déjeuner organisé par Jean-Marie Le Pen, samedi dernier. L’accueil fût chaleureux, les discussions libres, et l’assistance dénotait une belle énergie. Toutefois, les annonces du président d’honneur du Front National n’ont apporté que peu d’enthousiasme chez les partisans de la droite nationale.
Nous ne nous attarderons pas sur la proposition de création d’un rassemblement des comètes naviguant autour du Front National sans l’atteindre parce qu’elles en ont été exclues. C’est, à notre sens, une vision passéiste de la politique française qui revient à émettre de telles propositions. En effet, les agissements des proches de Florian Philippot et les erreurs commises par Jean-Marie Le Pen lui-même (influence de Samuel Maréchal, promotion indue de Marine Le Pen lors du Congrès de Nice, fluctuations du discours sur l’identité et l’immigration) ont accéléré un processus nécessaire de recherche de l’union des droites et de refondation de la droite nationale.
Le Front National ne représente à l’évidence plus la somme des influences, des organisations, des aspirations qui animent la droite nationale. Chacun pourra remarquer que des thématiques comme la légitimité du pouvoir, le respect de l’ordre naturel, la défense de la vie, le lien complexe entre la vigueur des identités locales et le maintien de l’énergie nationale, l’inscription dans la culture européenne, la mise en place de l’Ordre en haut du pouvoir politique et l’absolue liberté dans les périphéries de l’organisation sociale, ne sont plus représentés correctement dans le discours de Marine Le Pen et de ses lieutenants. Une partie non négligeable des dirigeants et des collaborateurs du Front National est même clairement de Gauche dans ses idées et son comportement.
La logique politique voudra donc fatalement qu’un vaste espace se crée après la fuite en avant d’un parti transformé en pot-pourri de velléités mal contrôlées. L’électoralisme dominant à Nanterre permet de conserver les dehors d’une dynamique qui n’est plus soutenue que par les circonvolutions médiatiques et les humeurs de quelques conseillers. La Ligue du Sud prendra toute sa place dans la redéfinition de cet espace politique en mettant en avant certaines nécessités absentes des discours et des pratiques politiques. Je me permets de les lister :
– Défense, rétablissement et promotion des lois naturelles et donc de la vie.
– Refus absolu de l’invasion migratoire et du grand remplacement sans transaction avec un moralisme assassin.
– Primauté des résultats et de la gestion des collectivités sur la fonction tribunitienne de la politique.
– Passion de l’enracinement face au cosmopolitisme et à une dictature médiatique oublieuse des désirs, des souffrances et des ambitions des Français.
– Main tendue à toute formation de droite sur la base de programmes clairs sanctionnée par l’évaluation d’une gestion.
En somme la Ligue du Sud invite la droite française à retourner au réel contre les méfaits de toutes les utopies. Les balbutiements de cette stratégie n’ont cessé de montrer qu’elle est réclamée par une population française sous tension : exaspération devant le Grand Remplacement, enfer fiscal, dégradation des possibilités personnelles et professionnelles. A chaque fois que Nicolas Sarkozy écoutait les conseils de Patrick Buisson, le peuple français le suivait. A chaque fois que François Fillon propose de remettre la Liberté au cœur du tissu économique français de proximité, les corps sociaux le soutiennent. A chaque fois que Marine Le Pen quitte les changements de discours sur le refus de l’immigration, elle est saluée par les sondages. A chaque fois que Nicolas Dupont Aignan dénonce l’inversion des souverainetés issues des diktats bruxellois, il est rejoint par les experts et les sans grades.
A chaque retour au réel, le peuple français est donc présent au rendez-vous. Ce samedi Jean-Marie Le Pen a refusé le réel pour espérer encore en le respect de sa famille. On peut le comprendre, mais on ne fait pas de saine politique sur des sentiments.
La Ligue du Sud se laisse donc toutes les possibilités pour les élections régionales à venir, ou pour les primaires de la droite, afin d’œuvrer sur un programme clair à l’union des droites, à la réduction du jacobinisme et à la défense de notre Civilisation. Des enjeux assez graves pour que la droite française accepte enfin de se refonder.