Le règne du prêt-à-penser empêche de lutter efficacement contre le terrorisme

Le journal La Provence rapporte une affaire récemment présentée au tribunal correctionnel de Marseille : un homme d’une cinquantaine d’années, Hasan El Abed, a été soumis aux interrogatoires des juges à la suite d’une saisie de près de 2 millions d’euros en espèces par la Douane le 26 septembre 2015 à la frontière franco-espagnole. L’homme, ne sachant « ni lire ni écrire », justifie ces transports de fonds de par son activité « d’homme d’affaires ». Une explication mince pour tenter de comprendre des déplacements incessants entre l’Espagne, la Hongrie et la Slovaquie avec des sommes d’argent qui terminent sur des comptes en Chine et à Hong-Kong et s’élèvent à 44 millions de dollars et 40 millions d’euros.

Le journaliste présent à l’audience s’étonne que le tribunal n’ait pas « été très curieux », et qu’il n’y ait pas eu la « moindre question sur une arrière-pensée terroriste ». Or l’interrogation mérite d’être plus explicitement soulevée : alors que la France vit sous la menace terroriste et que le même quotidien rapporte dans la page précédente l’agression d’une surveillante par un détenu radicalisé à la prison de Tarascon, pourquoi n’y a-t-il eu aucune enquête sur la finalité potentiellement terroriste du « réseau El Abed » ?

Le règne du prêt-à-penser qui emprisonne la magistrature dans un entre-soi idéologique empêche la prévention du terrorisme et la recherche de ses agents. Pourquoi, diable, un tribunal curieux s’interdit de poser la question du terrorisme au prévenu Hasan El Abed ? Si cela ne concerne pas directement la prévention, rien ne retient la présidente du tribunal alors d’élargir le champ de l’audience. Et qu’en est-il du juge d’instruction ? Il semble surprenant après les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, et de Barcelone qu’un tribunal demeure silencieux sur ce sujet. De tels sommes d’argent liquide traversant l’Europe ont sans doute des origines mafieuses, mais le terrorisme international a lui aussi une logistique et un financement qui utilise les mêmes circuits. Le grand tabou du prêt-à-penser serait de tenter un rapprochement public entre le patronyme d’Hasan El Abed et la présomption de terrorisme. Cela serait perçu au mieux comme un raccourci assis sur les préjugés, au pire comme une discrimination raciale et religieuse : le fameux prêt-à-penser qui craint d’offenser les repris de justice mais ne se soucie pas du sort des victimes passés et à venir du terrorisme.

Loin de nous l’intention de porter une condamnation qui ne nous appartient pas. Nous nous étonnons cependant du silence du tribunal sur la question, conjointement avec le journaliste de La Provence, et nous regrettons les présupposés idéologiques ridicules qui l’ont sans doute permis.

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