« Le dictionnaire Robert définit le fiel comme l’« amertume qui s’accompagne de mauvaise humeur, de méchanceté ».
Il y a incontestablement du fiel dans l’article Mariage homo : le maire de Bollène se pose en victime, paru dans La Provence le 29 août. On me prête, en effet, beaucoup d’intentions, que je n’ai pas et que je n’ai jamais eues. On évoque un « scénario », un « rétropédalage », une « provocation », une « victimisation éhontée », une « fable »… Oui, il y a vraiment du fiel dans cet article !
En effet, depuis vendredi dernier, je déclare qu’il m’est impossible de marier et de déléguer cette compétence à un élu. Je demande que la liberté de conscience des maires soit respectée, comme l’avait promis François Hollande, en novembre 2012, devant le congrès des maires de France. Mardi matin, j’ai même écrit à Manuel Valls en ce sens : je souhaite que ma liberté de conscience soit respectée.
Mardi après-midi, une de mes adjointe, de sa propre initiative, et comme elle a le droit de le faire, en tant qu’adjointe (et non conseillère municipale) a appelé le préfet pour lui annoncer qu’elle procéderait à cette cérémonie. Libre à La Provence de ne pas le croire. Il s’avère que c’est la stricte réalité, et qu’on est bien loin d’une « fable » écrite d’avance. D’ailleurs, si vraiment il s’agissait d’une telle « opération », j’aurai eu tort de la laisser s’arrêter, afin de profiter des médias qui venaient vers moi, au moins pendant quelques jours encore.
Je ne cherche pas la polémique ; je ne cherche pas la médiatisation, surtout sur un tel sujet, difficile, complexe, ne laissant aucune place aux raccourcis ou à l’imprécision et surtout, bien éloigné des préoccupations quotidiennes des Français. « Hollande occupe toi du chômage, pas du mariage », pouvait-on lire sur des banderoles derrière lesquelles nous avons défilé, avec des millions de Français !
D’ailleurs, ce n’est pas moi qui ai mis cette affaire sur la place publique. Ce n’est pas moi qui ai convoqué les journaux, les télévisions et les radios. Je suis totalement étrangère à cette médiatisation que je n’ai pas souhaitée. La preuve : j’ai voulu recevoir ces deux jeunes femmes dans un entretien privé, dans mon bureau. C’est aussi pour cela que j’ai évoqué la « pression médiatique ».
Enfin, je ne me pose pas en victime. Je n’ai rien demandé de tel, je n’ai jamais rien fait pour cela. Je remarque simplement que pendant quatre jours, la machine de l’Etat s’est concentrée sur Bollène et sur moi-même, cherchant à m’obliger, sans succès, à procéder à une cérémonie que ma conscience ne me permet pas de faire et que je ne ferai pas. Espérons que l’Etat mette autant d’énergie à résoudre le chômage et à faire baisser l’insécurité. Malheureusement, je n’y crois guère… »