Au fur et à mesure que s’égrènent les jours du quinquennat macronien, la France s’enflamme un peu plus. De la sourde colère des militaires relayée par le Général de Villiers et bon nombre d’officiers, à la mobilisation colossale des agents de l’administration pénitentiaire, sans oublier le cri d’alarme des électeurs corses, l’Etat n’est plus à la hauteur des espérances comme des besoins quotidiens des Français. Désormais, et fort légitimement, c’est le personnel soignant des maisons de retraite qui se mobilise pour protester contre l’insuffisance de moyens humains et budgétaires nécessaires au fonctionnement correct de leur service. Car ce personnel n’en est même plus au stade où il pourrait espérer demander mieux : il se contente simplement de solliciter les moyens indispensables et vitaux pour exercer sa mission quotidienne. La branche dite dépendance a toujours été le parent pauvre du ministère de la Santé. Pourtant, les besoins financiers immédiats dans ce secteur n’ont jamais été aussi forts. En 2011, les dépenses pour la prise en charge de la dépendance des personnes âgées représentaient déjà 28,3 milliards d’euros, soit 1,41% du P.I.B. Ces dépenses devraient littéralement exploser, pour doubler sur la période 2025-2040 et atteindre 51,6 milliards d’euros. Si d’une manière générale les dépenses de santé représentaient 11% des dépenses publiques en 1970, elles équivalent à 17% de nos jours, avec une forte augmentation sur la période 1992-2000. L’enjeu de demain sera bien sûr de répondre à cette forte demande que constitue la dépendance sauf que l’Etat n’a jamais anticipé pour disposer d’un budget adéquat. D’où les situations insupportables que doivent affronter désormais aussi bien les soignants, les familles que nos séniors. Le pire, c’est que le nouveau plan gouvernemental devrait faire baisser le budget dépendance de 200 millions d’euros ces sept prochaines années, ce qui aurait pour conséquence immédiate, d’après la Fédération hospitalière de France, de conduire les maisons de retraite à revoir à la baisse leur coût de fonctionnement donc de réduire à court terme leur personnel, alors que le besoin en auxiliaires de vie est de 700 millions d’euros. Or, la France présente déjà un nombre d’agent par résident dramatiquement bas, avec un ratio de 0,6, alors qu’au minimum ce ratio devrait être égal à 1.
Le chiffre de 200 millions d’euros est d’ailleurs exactement la somme avancée pour la prise en charge de l’accueil des migrants en France. Le gouvernement préfère donc priver nos anciens d’un accompagnement et d’une aide médicalisés dignes de ce nom pour privilégier l’accueil d’hommes et de femmes qui n’ont aucune vocation à s’intégrer en France, et qui bien au contraire, nous imposent leur propre culture, créant des zones de fractures explosives dans la société. L’Etat préfère donc sous-doter nos structures d’hébergement des personnes âgées, en rabotant un budget dépendance déjà réduit à sa portion congrue, pour consacrer 200 millions d’euros supplémentaires à l’accueil d’étrangers fuyant une situation géopolitique dont la France n’est en rien responsable. Sans oublier que le président Macron, en déplacement en Tunisie, a une nouvelle fois défini ses priorités, à savoir l’aide à l’étranger, puisqu’il n’a pas hésité à dire : « La réussite de la Tunisie, c’est aussi notre bataille ».
Ce détournement des fonds destinés à nos anciens au profit d’une population étrangère, ouvre la voie à bien des dérives, et notamment à celle de l’euthanasie. En effet, si l’Etat n’a plus les moyens financiers et humains pour l’accueil des aînés, l’euthanasie apparaît comme une terrible solution pour réduire la durée de soins et mettre fin de manière brutale aux coûts induits par la prise en charge de la dépendance. Les praticiens de santé avancent déjà des chiffres selon lesquels 60% des frais de santé sont dépensés lors de la dernière année de vie des patients en situation de dépendance. Cette solution d’éradiquer les plus anciens avait déjà été brandie dans le passé par tous les chantres d’un eugénisme effrayant.
Pour notre part, même si cela doit effrayer la bien-pensance politique qui règne en France, nous en appelons à une politique de préférence nationale, conforme au bon sens et à la vocation de l’Etat, qui établisse des priorités pour nos concitoyens, en privilégiant notamment nos séniors, nos infirmiers comme nos infirmières et qui permettent à toutes les familles françaises de pouvoir bénéficier d’un accompagnement adéquat et bienveillant dû à ceux qui ont bâti cette société.
Jacques Bompard